En ce temps-là,
    les pharisiens,
apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens,
se réunirent,
    et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus
pour le mettre à l’épreuve :
    « Maître, dans la Loi,
quel est le grand commandement ? »
    Jésus lui répondit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout
 ton esprit.
    Voilà le grand, le premier commandement.
    Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
    De ces deux commandements
dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

Mt 22, 34-40 (© AELF)

Il y a tant à faire autour de nous : un voisin bloqué chez lui depuis une mauvaise chute, un ami qui a besoin de soutien, une jeune maman qui se sent seule. Ou encore le sans abri qui attend un sourire franc autant qu’une pièce de monnaie. Nous avons tellement envie d’agir !

Si on pense rentabilité, on arrête de prier. Et on passe directement à l’action. Alors le Christ ne sera qu’un chic type, avec de belles idées. Et nous aurons foi, non pas en Dieu, mais dans les belles valeurs du christianisme. 

Lorsque j’aime mon prochain avec ma générosité et ma bonne volonté, je lui consacre un peu de temps. J’apporte ce que je suis. Et c’est déjà bien. Mais je sais aussi que cela reste pauvre.

Si je me laisse aimer par l’amour fou de Dieu, si je prie, si je me nourris des Écritures et des sacrements : me voilà messager de Dieu, tabernacle de l’eucharistie, voix qui porte la Parole à ceux qui ont soif de l’entendre. J’apporte alors ma personne. Et travers moi, c’est Dieu qui se donne à mon prochain. Mes mains et mon cœur sont tels un vitrail laissant passer une lumière surnaturelle.

Certains expliqueront volontiers qu’ils n’ont pas le temps de prier. Mais on a toujours le temps de faire ce qu’on aime. Et personne n’oublie de partir en vacances ! Mère Teresa suggérait à ses sœurs de consacrer trois heures par jour à la prière. Sauf lors de journées particulièrement chargées : dans ce cas, elle prévoyait…  quatre heures d’oraison.

Prier, se reconnaître infiniment aimé de Dieu, c’est une première étape pour reconnaître la dignité de chacun. Aimer ceux qui nous sont très différents, ceux qui nous énervent, ceux qui nous dégoûtent, ou ceux qui nous ont blessés : tout cela n’est possible qu’avec l’aide de Dieu.

Le Seigneur ne nous demande pas d’avoir de l’affection pour celui qui a volontairement pris notre place dans la file d’attente. Il ne nous demande pas de nous lier d’amitié avec ceux qui nous bousculent dans la rue, ou avec les automobilistes un peu agressifs. Impossible d’aimer son prochain en ne comptant que sur la spontanéité. Aimer son prochain, ce n’est tellement peu naturel que nous avons besoin de Dieu, de nous laisser aimés et de l’aimer. Alors nous pourrons poser un regard d’amour sur celui qui nous dérange. Vouloir aimer ce frère, cette sœur, parce que Dieu les aime. Contempler en eux le mystère de Jésus qui a donné sa vie pour eux.

Aimons Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit. Alors nous quitterons le Dieu de notre vie de prière pour mieux le retrouver dans le cœur de notre prochain. Comme Saint Vincent de Paul, nous pourrons « quitter Dieu pour Dieu ».