Chroniques évangéliques d’une mère de famille

Parler dans l’hygiaphone

En ce temps-là,
    les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
    Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
    Alors Jésus leur dit cette parabole :
    « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une,
n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert
pour aller chercher celle qui est perdue,
jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
    Quand il l’a retrouvée,
il la prend sur ses épaules, tout joyeux,
    et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins
pour leur dire :
“Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé ma brebis,
celle qui était perdue !”
    Je vous le dis :
C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel
pour un seul pécheur qui se convertit,
plus que pour 99 justes
qui n’ont pas besoin de conversion.

    Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent
et qu’elle en perd une,
ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison,
et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
    Quand elle l’a retrouvée,
elle rassemble ses amies et ses voisines
pour leur dire :
“Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
    Ainsi je vous le dis :
Il y a de la joie devant les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui se convertit. »

Lc 15, 1-10 (© AELF)

Parler dans l’hygiaphone. Vous savez ? L’hygiaphone, ce dispositif installé dans les guichets après guerre, suite à une épidémie de grippe très virulente.

« Jésus fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux. » Pour passer du temps auprès du Seigneur, pas de contrôle sanitaire ou de barrière de sécurité. Le Christ ne recule devant aucun péché, aucune maladie, aucune misère.

Mais nous ne sommes pas le Christ, et nous avons parfois tendance à poser des hygiaphones autour de nous :

  • « Untel est très gentil. Mais avec son côté artiste et rêveur, il ne maîtrise pas forcément les codes qui sont les nôtres. » Alors on le laisse de côté. On s’en tient à quelques sourires, sans jamais lui demander de ses nouvelles à la sortie de la messe.
  • « Madame Truc ? Ah oui, on ne voit jamais son mari. D’ailleurs je crois qu’elle est mère célibataire et que sa famille est recomposée. » La voilà blacklistée, interdite d’entrée dans les dîners de gens bien comme il faut.
  • « Les enfants de la famille Terrible ? Pas de ça chez nous. On ne veut pas qu’ils donnent le mauvais exemple à nos têtes blondes. Et tant pis si la maman a besoin d’aide en ce moment. »
  • « C’est vrai qu’on ne les voit plus beaucoup les Bidule. Depuis que madame a été diagnostiquée d’une maladie psychique, on est mal à l’aise. Alors comme on ne sait pas bien comment réagir, on les évite. »

Une jeune femme a proposé ses services pour la kermesse de l’école. Mais il paraît qu’elle n’est pas toujours très fiable. Plutôt que de lui laisser sa chance, on préfère la laisser de côté.

Accueillir la misère des autres, c’est aussi apprendre à accueillir mes propres faiblesses. En regardant sereinement toute pauvreté, celles des autres comme les miennes, alors je peux laisser le pardon du Seigneur me rejoindre. Mais impossible de faire de la place au Christ si je me barricade.

Pour être missionnaires de la miséricorde, faisons le deuil d’une vie sociale aseptisée. Au placard les hygiaphones !

« »