En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »

Jn 16, 12-15 (© AELF)

« J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. »

Ces paroles, Jésus les prononce lors de la dernière Cène. Les apôtres n’ont pas encore compris que le Christ allait ressusciter. Et que dire de tous les aveugles et paralytiques qui n’ont pas eu le temps d’être guéris avant la Passion ! Alors pourquoi mourir si tôt, et non après 45 ou 50 ans de mission ?

Jésus fait tout dans une obéissance parfaite à son Père. Ses paroles, ses miracles n’étaient pas une fin en soi. Ils n’étaient qu’un moyen de nous mener vers son Père. Jésus a pleinement vécu sa condition d’homme et sa vie terrestre, sans jamais cesser de regarder vers son Père, vers la vie éternelle.

Où se porte notre regard ? Mes journées sont-elles un objectif à atteindre ? Ou plutôt un moyen d’aimer mieux, d’aimer plus ?  Quel regard porter sur les soucis du quotidien qui m’étranglent parfois ? Est-ce que je laisse Jésus les remplir de sa présence ?  

Quelle humilité que celle du fils de Dieu ! L’attitude de Jésus dans cet évangile peut nous inspirer lorsqu’il nous est difficile de finir une journée. L’activisme de la fin de soirée est si tentant. Pour le chef d’entreprise, jeter un coup d’œil à ses mails professionnels, pour la mère de famille, préparer une dernière lessive. Pour le lycéen, relire encore une fois ses notes et ses fiches en vue du contrôle du lendemain. Et pourquoi pas un épisode supplémentaire de cette série ?  Il est bien difficile de renoncer à ses projets personnels, à notre volonté de faire, encore et encore. Et pourtant, seul le Christ peut dire : « Tout est accompli. »

Finir sa journée, c’est accepter l’imperfection. Seul l’amour de Dieu peut nous combler entièrement.

C’est vivre avec un coeur tendu vers le Ciel. Faire de son mieux, et accepter de ne pas pouvoir tout faire. 

D’une certaine manière, finir une journée, c’est aussi apprendre à mourir.

Notre vie terrestre aussi se terminera. Il restera toujours du travail à après nous. En rejoignant le Ciel, nous laisserons nos biens matériels. Est-ce que nous les voyons comme un dû, comme un don ? Comme quelque chose qui nous est confié ? Les linceuls n’ont pas de poche. Et on n’a jamais vu de camion de déménagement derrière un corbillard !

Finir sa journée, même sur un goût d’inachevé, nous apprend à tout quitter pour vivre en Dieu. Et vivre en Dieu, c’est vivre uniquement de l’amour de Dieu.